Quel sens donner au sens ?

Quand on a choisi de s’appeler POURQUOI ? et qu’on propose de mettre le sens en mouvement, se questionner sur ce qu’est le sens est une tâche quotidienne. Mon intention aujourd’hui n’est en aucun cas de prétendre avoir trouver la vérité sur le sujet. C’est plutôt de proposer ma vision à date. Et si cela suscite débat et partage de points de vue j’en serai ravie. Alors merci d’avance pour vos commentaires !

Les 3 définitions du sens :

Le mots sens a, en français, principalement 3 sens (sans mauvais jeu de mots)

Sensation : l’appareil sensitif ou sensoriel, ce qui est lié à nos 5 sens, nos ressentis
Signification : le sens d’un mot, le sens d’une phrase
Direction : l’orientation, le but, la finalité

Appliqué au monde du travail, dans le monde du travail qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Le sens comme direction :

Normalement tout le monde est à peu près d’accord que toutes les activités qui visent à la protection de l’environnement et au bien-être des êtres vivants en général est une direction qui a du sens. On y trouve les ONG, les associations, les coopératives et toutes les formes d’ESS, mais aussi les métiers de la santé, de l’éducation, etc. La finalité de ces organisations est tournée de manière très directe et très explicite vers ces causes généralement considérées comme « nobles ». Dans la logique de Simon Sinek, leur sens est majoritairement dans le Pourquoi ?

Pour autant tout le monde ne travaille pas pour ce type d’organisations. Et ce ne serait probablement pas souhaitable. Le monde serait-il meilleur si plus personne ne fabriquait de tables, de vêtements, etc ? Ce qui donne du sens à ce type d’activités c’est entre autre la manière dont on le fait. Quelle est l’intention dans l’activité ? Quelle part de RSE y met-on ? Il n’est plus à démontrer que les possibilités d’agir de manière socialement et environnementalement responsable existe. Le sens est alors plus dans la manière de faire que dans la finalité, il réside surtout dans le Comment ?

Il existe de mon point de vue des organisations à la croisée de ces 2 idées, telles que les structures « historiques » de l’énergie, du transport, du BTP, de l’agriculture par exemple. Leur finalité est chargée de sens : permettre à l’humanité de s’abriter, de se chauffer, de se déplacer, de se nourrir. Mais leur manière de faire est aujourd’hui grandement remise en question du fait de leur impact environnemental. Ils doivent se réinventer pour continuer à agir pour le bien-être de l’humanité tout en protégeant la planète. C’est l’alignement du Pourquoi ? et du Comment ? qui donne du sens.

Le sens comme signification :

Le sens comme signification c’est exercer une activité, dans laquelle je me reconnais, et m’exprime aussi pleinement que possible : qui fait sens pour moi.

Gagner de l’argent, obtenir un statut social, atteindre X% de croissance, peuvent-il faire sens ? Certains répondront sans doute oui. Mais j’y vois 2 problèmes :

Quand j’aurais atteint le salaire ambitionné, le titre rêvé, quel sera mon but ? Toujours plus ? Les exemples cités sont des objectifs personnels dont la légitimité n’est pas à discuter ici, mais ce ne sont pas des buts. Je réponds plutôt à une envie, à un désir, voire à une contrainte imposée qui revient finalement à me préoccuper de mon confort (Loin de moi l’idée d’être une intégriste du sens, je ne me prétends pas du tout irréprochable, loin de là. Mais s’observer soi-même de ce point de vue me parait aussi intéressant qu’utile).
Le sens individuel peut-il est déconnecté du but collectif ? Je crois que non, car l’Homme est un animal social, fondamentalement animé par le désir s’accomplir en jouant un rôle, dans une organisation qui a une raison d’être. (Je me réjouis à chaque fois que je lis un article sur les fonds d’investissement qui refusent de soutenir des entreprises incapables d’exprimer leur raison d’être)

Concevoir des sites internet, designer des chaises, observer les étoiles, réparer des serrures peuvent être légitimement des activités qui font sens pour moi. Le sens est ici majoritairement dans le Quoi ? (toujours selon Simon Sinek) et peu aisément s’enrichir d’un peu de Comment ? et être replacée dans un Pourquoi ?

C’est peut-être là que se situe le point de bascule ou plutôt de rencontre entre l’individu et le collectif. En exerçant cette activité qui fait sens pour moi, à quoi je contribue de manière plus globale. C’est le principe de l’allégorie des 3 tailleurs de pierre.

C’est peut-être là également que la notion d’équipe peut prendre… tout son sens. En quoi l’activité de l’équipe contribue-t-elle au sens global ? Qu’apporte-t-elle à l’organisation et aux autres services sur son terrain de jeu ? En quoi est-elle signifiante et utile ?

A propos d’utilité…

Le sens comme sensation :

C’est de mon point de vue ce qui fait naitre le sentiment intérieur d’utilité et d’accomplissement. Si on met un peu de valeur morale c’est « je me sens quelqu’un de bien ». Pas nécessairement besoin de changer le monde pour ça ! Cette sensation peut résider dans de petites choses : rendre service à un collègue, imaginer une nouvelle façon de résoudre un problème aussi minime soit-il, rebondir sur l’idée de quelqu’un d’autre pour avancer vers la solution, ou à l’inverse proposer une idée incomplète sur laquelle d’autres peuvent rebondir pour avancer.

Ce qu’il se passe alors en nous est une sensation de fierté, mais une fierté basée sur la contribution plutôt que sur la réussite. Je n’ai pas gagné, j’ai contribué. J’ai servi à quelque chose en ayant une action dans laquelle je me suis senti(e) moi-même, à ma place, avec énergie, confiance, authenticité. J’ai permis à ce qui m’anime d’exister. Et généralement il y a eu échange, partage, relation avec autrui.

Synthèse ?

Le sens ne peut exister sans une certaine dose d’altruisme, de curiosité, de partage respectueux qui permet à chacun et à chaque niveau de l’organisation de jouer son rôle dans un vertueux mélange d’autonomie et de responsabilité.

Le sens c’est ce qui nous anime profondément, l’expression authentique de notre contribution à quelque chose de plus grand que nous. Cette contribution peut s’exercer dans le quoi ? le comment ? le pourquoi ? quelle que soit l’échelle. C’est valable pour l’individu, l’équipe, l’organisation. Et quand ces 3 niveaux résonnent le cadre est créé pour que l’efficacité et la créativité se libèrent.

Alors, si je devais tenter une définition : Le sens c’est ce qui me permet d’être moi, d’apporter ma contribution au travers de ce qui m’anime profondément, dans une équipe dont je comprends le rôle, au service d’une organisation dont l’ambition, la noblesse du but me correspondent.

Le sens c’est parfois accepter de n’être qu’un colibri.